Le traumatisme de la grande Guerre est entré durablement dans une mémoire collective que le cinéma a contribué à construire. On pensera à CHEVAL DE GUERRE de Steven SPIELBERG (2012) où 14-18 est au premier plan ou bien encore RENOIR de Gilles BOURDOS (2013) où elle est présente en arrière-plan. Cette guerre qui bouleverse les mentalités au début du XXe siècle est accompagnée par un cinématographe naissant.

Le cinéma d’avant 1933 a présenté la guerre sans réels vainqueurs et avec surtout des perdants: les sociétés européennes.  Que ce soient les films américains, français ou russes, tous montrent la guerre de tranchée comme un élément constitutif du particularisme de la Grande guerre. Des premières tranchées creusées à la va vite dans LA FIN DE SAINT PETERSBOURG ou dans J’ACCUSE à celles plus élaborées dans CHARLOT SOLDAT de CHAPLIN en 1918 ; des CROIX DE BOIS de Raymond BERNARD réalisé en 1932 ou dans VERDUN, VISION D’HISTOIRE réalisé en 1928 par Léon POIRIER, reconstitution fidèle des évènements de la bataille de Verdun, et ode à la paix.

 Avec la montée des périls, le cinéma choisit son camp. Abel GANCE allait refaire son J’ACCUSE!  en 1938, un film parlant et cette-fois ci clairement anti-allemand. C’était le même Abel Gance qui filmait les mensonges des discours patriotiques à la fin de son film de 1919. LA GRANDE ILLUSION de Jean RENOIR, tournée en 1936 dans un esprit pacifiste revendiqué sera interdit en France et dans l’Europe occupée.

Après la seconde guerre, l’évocation de 1914-1918 se radicalise encore. Stanley KUBRICK dénonce les boucheries inutiles et le passage des soldats désobéissants en cour martiale (LES SENTIERS DE LA GLOIRE, 1957). Joseph LOSEY prend le parti d’un déserteur dans POUR L’EXEMPLE (1962). Le propos de Dalton TRUMBO est antimilitariste dans JOHNNY GOT HIS GUN (1971), où un soldat se réveille sans bras, sans jambes, sans visage.

Après Jacques ROUFFIO, qui fit le portrait d’une veuve refusant de porter le deuil (L’HORIZON, 1966), Bertrand TAVERNIER (LA VIE ET RIEN D’AUTRE, 1989) et Jean-Pierre JEUNET (UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES, 2004) dépeignent l’enfer des tranchées, le calvaire des veuves cherchant à retrouver trace de leur mari, la difficulté à oublier ces morts et à envisager une renaissance.

Parmi les innombrables aspects de ce conflit dont le cinéma s’est emparé, notons la mécanisation de la guerre, l’arrivée de l’aviation, emblématisée par le Baron Rouge, dont s’inspire George Roy HILL dans LA KERMESSE DES AIGLES (1975). Entrent également en scène la partition du Monde illustrée par un LAWRENCE D’ARABIE 7 fois oscarisé ou l’espionnage dont l’emblématique MATA HARI, fut incarnée par Greta GARBO en 1931, Jeanne MOREAU en 1965 ou Sylvia CHRISTEL (1985).

     

 Exposition d’importance modulable, thématiques possibles.